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Guillaume Apollinaire en AlbaLearning

Guillaume Apollinaire

"La lèpre"

(L'Hérésiarque & Cie)

Biografía de Guillaume Apollinaire en Wikipedia

 
 

La lèpre

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Comme on venait de constater que la langue italienne n'offre que peu de difficultés, le baron d'Ormesan protesta avec l'assurance d'un homme qui parle une quinzaine d'idiomes européens ou asiatiques:

—Pas difficile, l'italien? Quelle erreur!... Il se peut que ses difficultés soient peu apparentes, mais elles n'en existent pas moins, croyez-moi. J'en ai fait l'expérience. Elles furent cause que je faillis attraper la lèpre, ce mal terrible qui, semblable aux difficultés que présente la langue italienne, se cache, semble avoir disparu, tandis qu'il n'en continue pas moins à étendre ses ravages à travers les cinq parties du monde.

—La lèpre!

—À cause de l'italien?

—Racontez-nous ça!

—Ce doit être affreux!

En écoutant ces exclamations qui prouvaient le succès de sa déclaration paradoxale, le baron d'Ormesan souriait. Je lui tendis la boîte de cigares. Il en choisit un, l'alluma, après en avoir retiré la bague qu'il mit à son auriculaire droit, selon une sotte habitude qui lui venait d'Allemagne. Puis, après avoir lancé quelques bouffées triomphantes sur ceux qui l'entouraient, il commença sur un ton de condescendance assez vaine:

—Il y a près de douze ans, je voyageais en Italie. J'étais à cette époque un linguiste très ignorant. Je parlais fort mal l'anglais et l'allemand. Pour l'italien, je macaronisais, c'est-à-dire que je me servais de mots français auxquels j'ajoutais des terminaisons sonores, j'usais aussi de mots latins; bref, je me faisais comprendre.

Je venais de parcourir à pied une partie importante de la Toscane, lorsque j'arrivai un soir, vers six heures, dans une jolie bourgade où je devais coucher. À l'unique auberge de l'endroit, on m'avertit que toutes les chambres étaient retenues par une troupe d'Anglais.

L'aubergiste me conseilla de demander asile au curé. Il me reçut fort bien et parut charmé de mon langage hybride, qu'il voulut bien, et c'était trop d'honneur, comparer à la langue du Songe de Poliphile. Je lui répondis que je me contentais d'imiter involontairement le Merlin Coccaie. Il rit beaucoup, en me disant que justement il se nommait Folengo, ce qui me parut un hasard assez extraordinaire. Ensuite, il me mena à sa chambre qu'il me montra. Je voulus refuser. Mais rien n'y fit. Ce digne abbé Folengo entendait l'hospitalité d'une façon toscane, sans doute, car il ne manifesta même pas l'intention de changer les draps de son lit. J'y devais coucher, et je ne pus trouver un prétexte pour demander au bon prêtre, et sans le froisser, des draps propres.

Je dînai tête à tête avec le curé Folengo. La chère fut si délicate que j'oubliai les draps malencontreux, dans lesquels je m'étendis vers les dix heures. Je m'endormis aussitôt. Mon sommeil durait depuis une couple d'heures, lorsque je fus éveillé par un bruit de voix qui venait de la pièce voisine. Dom Folengo causait avec sa gouvernante, respectable personne de soixante-dix ans, qui nous avait préparé le succulent repas que je digérais encore. Le curé parlait avec animation. Sa gouvernante lui répondait d'une voix aigre-douce. Un mot, qui revenait à tout propos dans leur conversation me frappa: la lèpre. Je me demandai d'abord quelle raison ils pouvaient avoir de parler de cette terrible maladie: la lèpre.

Puis, je me représentai combien l'abbé Folengo était bouffi. Ses mains étaient épaisses. Continuant, mon raisonnement, je dus convenir que le prêtre toscan était imberbe, malgré son âge assez avancé. C'en était assez. L'effroi s'empara de mon esprit. Certains villages italiens, aussi bien que certaines bourgades françaises, sont des foyers de lèpre. Et j'en étais certain. Dom Folengo était ladre. Je couchais dans le lit d'un lépreux. Les draps n'avaient même pas été changés. À ce moment les bruits de voix cessèrent. La prêtre ronfla bientôt dans la pièce voisine. Et j'entendis craquer les marches d'un escalier de bois. La gouvernante montait se coucher dans les combles. Ma terreur grandissait. Je pensai que les médecins ne sont pas d'accord au sujet de la contagion de la lèpre. Ces pensées n'étaient point faites pour me rassurer. Je me disais que l'abbé m'avait offert son lit en toute charité, puis que dans la nuit il s'était souvenu qu'il pouvait ainsi me communiquer son mal. C'est de cela qu'il parlait avec sa gouvernante, et sans doute avant de s'endormir avait-il prié Dieu pour que son imprudence n'eût pas une malheureuse issue. Couvert d'une sueur froide, je me levai et me mis à la fenêtre.

Minuit sonna à l'horloge de l'église. Bientôt je n'y tins plus. Harassé, je m'assis par terre et m'endormis appuyé contre le mur. La fraîcheur du matin m'éveilla vers quatre heures. J'éternuai une trentaine de fois, et frissonnai en regardant le lit fatal. L'abbé Folengo, que mes éternuements avaient éveillé, entra dans la chambre:

—Que faites-vous assis en chemise, contre la fenêtre? me demanda-t-il. Je pense, mon cher hôte, que vous seriez mieux dans ce lit.

Je regardais le prêtre. Son teint était rose. Il était gras, mais sa santé, je dus me l'avouer, paraissait florissante.

—Monsieur, lui dis-je, savez-vous que le climat de Paris, et celui de l'Ile-de-France en général, sont peu favorables au développement de la lèpre. Ce climat a même la salutaire propriété de faire rétrograder cette maladie. Beaucoup de lépreux asiatiques, ceux de la Colombie, en Amérique, où ce mal est des plus fréquents, donnent comme but à leur existence l'arrondissement d'un pécule suffisant à les faire vivre deux ou trois ans à Paris. Après cette période, leur ladrerie s'étant atténuée, ils retournent dans leur pays amasser un nouveau trésor qui leur permettra un nouveau séjour aux bords de la Seine.

—Où voulez-vous en venir, me demanda l'abbé Folengo, vous parlez, si je ne me trompe pas, de la lèpre, la lebbra, cette terrible maladie qui fit tant de ravages au moyen-âge.

—Elle n'en cause pas moins aujourd'hui, lui répondis-je, en le fixant sévèrement, et quant aux prêtres qui en sont atteints, leur place serait plutôt dans les maladreries d'Honolulu, ou dans d'autres léproseries asiatiques. Ils y pourraient soigner leurs compagnons d'infortune...

—Mais pourquoi me parlez-vous de ces choses horribles d'aussi bonne heure? répliqua l'abbé Folengo. Il n'est pas encore cinq heures. Le soleil paraît à peine à l'horizon. L'aurore qui empourpre le ciel ne me paraît point faite pour inspirer d'aussi funèbres pensées.

—Avouez-le donc, signor abbé, m'écriai-je, vous êtes lépreux, je vous ai entendu cette nuit...

Dom Folengo semblait stupéfait et atterré.

—Monsieur le Français, me dit-il, vous vous trompez, je ne suis pas lépreux, et je me demande comment ces idées désolantes vous sont venues?

—Non, signor abbé, précisai-je, je vous ai entendu cette nuit. Vous parliez de la lèpre avec votre gouvernante, dans la pièce voisine.

L'abbé Folengo partit d'un grand éclat de rire.

—Vous autres Français, dit-il en continuant à rire aux larmes, vous ne pouvez venir en Italie sans qu'il vous arrive une histoire de ce genre, témoin votre Paul-Louis Courier, qui fait un récit à peu près semblable dans une de ses lettres... La lepre signifie le lièvre en italien. La chasse est ouverte. Ces jours derniers, un de mes paroissiens m'a apporté un lièvre superbe; j'en parlais cette nuit avec ma gouvernante, car il me paraît être à point. On nous le servira aujourd'hui même, à midi. Vous vous régalerez, en vous félicitant d'avoir, au prix d'une mauvaise nuit, augmenté votre bagage de connaissances linguistiques.

J'étais tout penaud. Mais le lièvre me parut délicieux. C'est que les pires choses, la lèpre elle-même, peuvent devenir excellentes, lorsqu'on sait les accommoder et s'en accommoder.

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